L’autre fois je t’expliquais que les repas aristocratiques étaient avant-tout des moyens de mettre en valeur l’hôte auprès de ses invités. Imagine alors ce qu’on mettait en place lors de mariages à la cour royale. De véritables spectacles.
Le meilleur exemple de ces repas fastueux est le mariage de notre préféré, ici à #passionchâteau : Henri 4, avec Marie de Médicis. Après avoir largué Marguerite de Valois, fille de Catherine de Médicis (ils n’arrivaient pas à avoir d’enfants et de toute façon Henri 4 allait un peu trop voir ailleurs), le roi a vécu le grand amour avec sa maîtresse, Gabrielle d’Estrées. Je dis bien « maîtresse » car ils n’ont jamais pu se marier, Gabrielle n’étant pas l’héritière d’une famille royale.
C’était plus difficile de se faire accepter à la cour royale à l’époque, hein Kate Middleton ? Malheureusement la vie n’est pas toujours clémente et Gabrielle est morte alors qu’elle attendait leur enfant. Du coup ça commence à être un peu la panique à la cour parce qu’Henri 4 a bientôt 50 ans et toujours pas d’héritier officiel. On décide donc de faire ce qu’on sait faire de mieux à l’époque : coller le roi avec l’héritière d’une famille régnante, en l’occurrence Marie de Médicis. Comme Gabrielle ne pouvait pas être reine, ça faisait quelque temps qu’on faisait mijoter l’idée de faire venir Marie de Médicis en France pour épouser Henri 4.
Quand il a reçu son portrait pour la première fois, Henri était d’ailleurs avec sa maîtresse et on raconte qu’ils se seraient bien moqués d’elle parce qu’elle avait un peu d’embonpoint. Pas sympa.
Ils finissent donc par se marier en 1600, à Florence. Enfin, « ils » se marient… . Henri 4 n’était en fait pas là, il a donc demandé à un duc d’aller enfiler la bague au doigt de sa future épouse à sa place. Original. Mais ce n’est pas parce que le roi n’était pas là qu’il ne fallait pas faire la fête. On a donc fait appel à un artiste toscan, à la fois architecte, ingénieur, sculpteur et peintre, le plutôt bien nommé Bernardo Buontalenti.
Il décide de faire les choses en grand et de transformer complètement la salle de réception. Aux murs il fait accrocher des portraits des invités peints par les meilleurs artistes florentins. Il fait recouvrir les tables de miroirs et par un procédé habile que je ne saurais expliquer, il les fait tourner pour qu’elles reflètent la fête sous tous les angles. En gros c’était une ego-party pour les invités, ils pouvaient à la fois se voir dans les tables mais aussi sur les murs. On savait recevoir à l’époque.
Les cuisiniers, eux, se sont improvisés sculpteurs pour la soirée : ils ont coupé les jambons en forme de coq, sculpté les pâtés de veau en forme de sangliers et ont même réalisé une gelée en forme de cloche dans laquelle ils ont trouvé le moyen d’enfermer un poisson vivant. Comme dans beaucoup de repas chics de l’époque, on a fait peindre à l’or fin les becs et pattes des volailles présentées sur la table, auxquelles on avait bien sûr remis les plumes après cuisson pour faire plus joli. Sur les tables étaient posées d’impressionnantes statues en sucre représentant des scènes mythologiques, des animaux, des personnages. Tout ça, donc pour un mariage auquel le roi n’a pas assisté. Imagine s’il avait été là.
Et ça c’est Marie de Médicis en train d’épouser un type qui n’est pas du tout Henri 4 mais qui épouse quand même Henri 4, toujours par Rubens.
Ah j’adore la légende sous la dernière photo.