Henri III trépasse dans le château de Saint Cloud

Voici un article inédit de Marine Gasc du blog Raconte Moi l’Histoire !
N’oubliez pas de participer à notre concours pour tenter de remporter son Tome 2 !

Henri III décède au château de Saint Cloud

L’enfance d’Henri III (qui s’appelle en fait Alexandre Edouard)

Le petit Alexandre-Edouard n’a absolument pas vocation à régner. Il a deux grands frères, donc c’est mort pour lui, la couronne semble trop loin. D’abord l’aîné François, bon, il est pas très robuste comme mec, il a l’évanouissement facile… Du coup, il règne un an, et puis il meurt. Ensuite, c’est Charles, on en attendait un peu plus de lui, mais quand on devient roi à 10ans déjà, c’est compliqué. C’est la Reine Mère, Catherine de Médicis, qui s’occupe de tout pendant la régence… Mais bon, de toute façon, il n’a pas fait long feu non plus.

Un garcon robuste mais coquet

22 mois après la mort de son frère, Henri III est sacré Roi de France et le lendemain, il épouse une jolie archiduchesse. La petite Louise Vaudemont. Contrairement à ses frères, Henri a la santé robuste. Il boit beaucoup, il mange beaucoup et fait du sport. Un peu…

Disons qu’il préfère les activités d’intérieur, avec ses mignons et les femmes aussi… Du coup, le Roi, il se crée une vraie mauvaise réputation « frivole, pusillanime, sans volonté, esclave de ses plaisirs ». Faut dire que le mec, il passe ses journées à jouer au bilboquet, avec ses chiens ou à faire des canivets… Par exemple, ses frères François II et Charles IX, ils adoraient chasser. C’est viril, c’est une sorte de guerre, mais contre un ennemi pas humain, plus petit, et qui ne t’attaque pas. Bref, c’est viril, on a dit. Henri III n’a pas tellement les qualités attendues d’un homme d’action. En plus, il porte des boucles d’oreilles comme les Maures d’Afrique. Cling. Enfin le mec, il n’a pas d’héritier. Rien de tel pour être détesté dans tout le royaume.

Un roi (en partie) deteste

Du coup, si Henri III meurt, c’est un protestant, un cousin éloigné et époux de Marguerite de France, sœur du Roi, qui monte sur le trône, Henri de Navarre (<3). Si on rajoute à ça les quelques guerres de religion entre les cathos et les protestants.

On a un royaume en bordel, un Roi complètement détesté et des gens qui s’égorgent mutuellement.

23 décembre 1588, fatigué, Henri III fait assassiner son ennemi numéro 1, le duc de Guise. En supprimant le chef, Henri II pense supprimer la Ligue et récupérer le pouvoir. Or, les cathos deviennent fous, ils brûlent des portraits du roi et demande sa mort. Ils veulent s’unir à l’Espagne qui respecte vraiment la vraie religion, et surtout ils veulent tous la mort du Roi, qui devient une bête à abattre. Il est décrit comme « Turc par la tête, Allemand par le corps, une harpie par les mains, un Anglais par la jarretière, un Polonais par les pieds, et un vrai diable en l’âme. ». Bon, ils sont pas contents quoi.

Le roi a fui, seules trois villes le soutiennent : Blois, Tours, Beaugency. Le 6 mars, il s’installe à Tours et décide de s’unir à Henri de Navarre, protestant, pour lutter contre les cathos en furie.

« Si le Duc de Mayenne, chef de la Ligue vient pour me couper la gorge, il faut bien que je me défende, dussé-je me servir des hérétiques et même des Turcs, sans que pour cela j’autorise leurs sectes et leurs erreurs ».

Lorsque la nouvelle se répand, on pense que le légat du Pape a bien manqué s’étrangler. Le Ier aout une armée de 30 000 hommes conduite par Henri de Navarre compte bien récupérer la ville de Paris.

Les derniers jours d Henri III

Au même moment, Henri III se réveille tranquillement dans son château de Saint-Cloud. Depuis quelques jours, un moine demande à voir le Roi, et aujourd’hui, Henri III consent à le rencontrer alors qu’il n’est pas encore habillé, mais après tout, on a le droit de recevoir en slip. C’est surtout qu’il ne veut pas que dans toute la ville, on s’écrie que le roi ne veut pas recevoir des prêtres »…

Assis sur sa chaise percée, le Roi tient la lettre lorsque soudain, alors qu’il remonte ses chausses, le moine sort un couteau de sa manche et frappe le bas-ventre du Roi. Le Roi riposte en retournant la même arme contre Jacques Clément, le blessant très très légèrement. La garde arrive, massacre le mec et le jette par la fenêtre.

Les médecins du Roi, qui sont définitivement cons (non, juste ignares), pensent que la blessure est bénigne et la pansent. Ils vont aussi lui faire un lavement. Par.. précaution ? En réalité, Henri III fait une hémorragie externe, car le péritoine a été sectionné, et une hémorragie interne, car ce même péritoine est en train de s’infecter et c’est bien dégueulasse.

Le Roi est conscient, il écrit des courriers à sa femme pour lui annoncer que ce n’est rien de grave. Mais dans le doute, à l’arrivée d’Henri de Navarre, le Roi va faire une déclaration :

« Je vous prie comme mes amis et vous ordonne comme votre roi, que vous reconnaissiez après ma mort mon frère que voilà, et que pour ma satisfaction et votre propre devoir, vous lui prêtiez le serment en ma présence ».

Pendant toute l’après-midi, le Roi se vide de son sang et la fièvre commence à le gagner. Il s’endort et meurt vers 3 h du matin à l’âge de 38 ans.

Le jugement de Clément ne peut être que posthume, aussi, on décide de faire écarteler le cadavre par quatre chevaux, puis on le brûle, et enfin, ses cendres sont jetées dans la Seine. Mais s’il avait été vivant, ça aurait été la même chose.

On dit que le régicide a été commandité par le père Edme Bourgoing, qui sera aussi écartelé et Mme Montpensier, elle aurait même promis son corps pour faire exécuter le Roi. Mais Jacques Clément devient un martyr de la vraie foi de la vraie religion et les cathos veulent faire ériger une statue à Notre-Dame. Clément a permis au peuple d’échapper à ce Roi accusé d’inversion sexuelle.